L’ossuaire municipal des Catacombes est l’un des plus grands ossuaires du monde et un des seuls souterrains.

Avant son ouverture au public en 1809, il a fait l’objet d’un aménagement décoratif conséquent sous l’égide de l’inspecteur Héricart de Thury, qui transforme le lieu selon une vision muséographique et monumentale.

Les ossements, précédemment laissés en vrac, sont soigneusement organisés en murs, sur le modèle des hagues de carriers. En façade, les rangées de tibias alternent avec celles de crânes, tandis que derrière les parements s’entassent les os restants, souvent très fragmentés par les conséquences de leur chute.

Des monuments maçonnés de style antique et égyptien sont également aménagés dans le parcours, aux formes de piliers doriques, d’autels, de cippes ou de tombeaux. Des noms inspirés de la littérature religieuse ou romantique et de l’Antiquité sont donnés à certains lieux : le sarcophage du Lacrymatoire, la fontaine de la Samaritaine ou la lampe sépulcrale, par exemple.

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Le sarcophage du Lacrymatoire

Soucieux aussi d’apporter une dimension éducative au parcours, Héricart de Thury a fait construire des cabinets dans la tradition des cabinets de curiosités, l’un dédié à la minéralogie, l’autre à la pathologie. Celui-ci montrait des spécimens renvoyant aux maladies et déformations des os selon les recherches du docteur Michel-Augustin Thouret en 1789. Le dernier outil pédagogique est l’ensemble de plaques ornées de textes religieux et poétiques réparties dans les galeries, visant à amener le visiteur dans un état d’introspection et de réflexion vis-à-vis de la mort.

Les Catacombes de Paris ont fait l’objet de plusieurs études sur le milieu souterrain. Peu après leur ouverture, deux chercheurs du Muséum national d’histoire naturelle s’y intéressent particulièrement : Jacques Maheu, botaniste, étudie la flore des milieux sans lumière, et Armand Viré, spéléologue et naturaliste, met en évidence l’existence de crustacés cavernicoles. Héricart de Thury réalise aussi une expérience en 1813 : il introduit quatre cyprins dorés dans le bassin de la fontaine de la Samaritaine ; les poissons survivent, mais ne se reproduisent pas et finissent par devenir aveugles.


En 1861, c’est Félix Tournachon, plus connu sous le nom de Nadar, qui expérimente pendant trois mois les premières prises de vues à la lumière artificielle. L’obscurité rendant le temps de pose très long, le photographe utilise des mannequins pour figurer les ouvriers dans leur milieu de travail.

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Prise de vue effectuée dans les Catacombes de Paris par Nadar en 1861.

Aujourd’hui, des recherches sur les pathologies se poursuivent au cours des campagnes de consolidation de l’ossuaire. La conservation préventive des ossements dans un milieu souterrain très humide, le respect des restes humains et la valorisation du patrimoine géologique, archéologique et historique constituent un véritable défi pour les Catacombes de Paris. 

Par glissement de sens, le terme « Catacombes de Paris » – nom propre attribué au tronçon de carrière transformé en ossuaire au XVIIIe siècle – est aujourd’hui utilisé par extension et par erreur pour désigner les carrières s’étendant sous Paris et parfois même au-delà de Paris.

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